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Tout de go avec Barbara Cassin

Actu des Villes & Territoires a rencontré Barbara Cassin, philosophe, neuvième femme élue en 2018 à l'Académie française, qui a été fondée en 1634. D'un échange sur l’usage du féminin dans la langue française est né cet éditorial, composé d’une sélection de ses réflexions sur le thème de l'égalité hommes-femmes.



« Nous sommes des animaux doués de logos et, en tant que tels, nous sommes politiques, c’est la définition aristotélicienne, liant le fait d’être un animal politique au fait d’être un animal doué de logos, c’est-à-dire de parole et de raison. »


« Tout le monde sait que la langue est un objet politique, que l’on est plus ou moins adroit avec elle, et que la langue, elle s’en fout de ce qui ne marche pas ; elle a une force de résistance incroyable, de rénovation, de nouveautés, c’est extraordinaire ; la langue est assez bien faite pour ça, pour que l’on joue avec elle ; c’est une chose non morte. »


La langue est un objet politique

« Je suis très heureuse d’être philosophe et philologue ; quand on dit je suis une auteure, je trouve ça horrible, c’est tout ; auteur, je n’aime pas mieux ;

je trouve ça moche, mais comme je vous le dis, ce n’est pas interdit, et c’est l’usage qui gagne ; on s’y conformera, mais l’on pourrait aussi mettre autrice et, de temps en temps, on le met, puisqu’il y a acteur, et l’on dit plutôt actrice que acteure ; auteur, on peut dire autrice, mais je trouve ça horrible ; tuteur, tutrice, peut-être que tuteure, ce serait intéressant. »


« La norme est toujours pondérée par l’usage. Il y a une norme, qui est un statut complexe, du féminin dans la langue française, justement à cause de l’épicène, d’une part, et puis parce qu’elle a évolué ; par exemple, la règle d’accorder au masculin quand il y a une tripotée de noms féminins plus un masculin, d’accorder l’adjectif au masculin, ça, c’est une règle qui n’a pas toujours existé, ce n’était pas comme ça, ça n’a pas toujours été comme ça, on a pu aussi accorder avec le féminin, surtout quand le féminin était en dernier ; moi, naturellement, j’accorde avec le dernier ; lorsqu’il y a plusieurs noms féminins et un masculin, je ne vais pas mettre l’adjectif au masculin ; je me débrouille pour que le dernier soit quand même un féminin, parce que je trouve ça plus joli ; c’est aller dans ce que l’on estime pouvoir faire avec sa langue. »


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