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Égalité pour les femmes : travaux en cours à Pantin

Entretien avec Hawa Touré, adjointe au maire de la ville de Pantin, chargée du pôle Égalité et Citoyenneté.

© L. d'Aboville


Quelles ont été les motivations de votre engagement dans la vie municipale ?


Hawa Touré, adjointe au maire de Pantin, chargée du pôle Égalité et Citoyenneté.

J’ai grandi aux Courtillières, un quartier populaire de Pantin. Lorsque je suis devenue attachée de presse, j’ai découvert dans le regard des autres mes différences, dans mon expression, mes goûts culturels, j’étais par exemple plus attirée que mes collègues par les œuvres de street artistes que par les installations d’art contemporain. C’est cette histoire de partage et de rencontre que j’ai voulu prolonger en lançant l’association « Pierre de lune », afin d’aider les jeunes des quartiers à accéder à toutes sortes de cultures. Je m’occupais d’organiser des partenariats, de trouver des billets gratuits avec conférencier. Il faut dire que j’ai toujours eu la fibre militante, déjà au lycée, en aidant des sans papiers à rédiger leur récit d’asile. Ce sont ces années qui m’ont appris l’importance de l’engagement et m’ont valu de rejoindre l’équipe municipale. Aujourd’hui, avec le recul, je trouve que la politique est le meilleur moyen de changer les choses.


Que vous a appris votre délégation sur l’égalité et la citoyenneté ?


Hawa Touré, adjointe au maire de Pantin, chargée du pôle Égalité et Citoyenneté.

L'importance de regarder de plus près la réalité qui nous entoure. Des femmes que vous pensez sans souci subissent des brutalités inacceptables avec des maris très gentils quand vous les croisez dans la rue. Je suis effrayée du nombre de féminicides, un chiffre en hausse en France de 20 % entre 2020 et 2021. Un problème qui est loin d’être résolu. Les réseaux de vigilance contre les violences faites aux femmes, comme celui mis sur pied à Pantin, ont vraiment toute leur raison d’être. Mais il faut travailler sans cesse à sensibiliser les enfants, dès leur plus jeune âge, dès le premier degré de l’enseignement, en primaire, sur les enjeux de l’égalité entre les hommes et les femmes. Il est crucial d’empêcher les attitudes sexistes de proliférer et continuer à lutter contre les vieux clichés que l’on pourrait croire disparus, comme celui de la femme au foyer, malheureusement encore présents dans l’esprit de certains jeunes. Cela passe aussi par la formation des principaux acteurs de l’éducation.


Comment avez-vous vécu la réaction des médias et réseaux sociaux après

l’envoi de la carte de vœux Pantine ?


Hawa Touré, adjointe au maire de Pantin, chargée du pôle Égalité et Citoyenneté.

J’ai reçu le jour même beaucoup de messages d’habitants m’avertissant de ce

qu’il se passait. Le soir, en regardant les conversations sur Twitter, je me suis rendu compte que les commentaires les plus virulents étaient principalement écrits par des hommes. Il y avait également des montages vidéo à caractère homophobe. J’ai été surprise par la virulence des propos, très réactionnaires, sans doute la fachosphère à l’œuvre.


Que représente symboliquement ce « e » temporaire, rajouté au nom de Pantin ?


Hawa Touré, adjointe au maire de Pantin, chargée du pôle Égalité et Citoyenneté.

Ce petit « e » au caractère très féminin a pris une importance qu’il n’aurait jamais dû avoir, les réactions ont été disproportionnées par rapport au message que la ville souhaitait faire passer, mettre en lumière ce qui avait été fait. Car nous n’avons pas attendu le « e » de Pantine pour nous occuper des femmes, notamment avec l’ouverture de la Maison des femmes. Ceci étant dit, tous ces excès racontent bien l’urgence qu’il y a à mettre en avant le sujet de l’égalité entre les hommes et les femmes. Les combats à mener à ce sujet sont encore nombreux.


Êtes-vous optimiste pour la suite ?


Hawa Touré, adjointe au maire de Pantin, chargée du pôle Égalité et Citoyenneté.

Oui, malgré les difficultés, en France, en matière d’égalité, des progrès ont été faits. Je me souviens que, plus jeune, à la télévision, il n’y avait presque pas de journalistes issus de l’immigration, ce qui n’est plus le cas actuellement. Et ce constat de progrès est aussi valable pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Le regard des citoyens sur le sujet a changé. La majorité d’entre eux ont compris, je crois, qu’il fallait poursuivre les efforts déjà entrepris, pour enfin la faire advenir, cette égalité, concrètement.


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